Skip to main content
Cartographies

Routes, fleuve, savanes au Congo

 |  Olivier Croufer  |  République démocratique du Congo

L’état des routes, le fleuve Congo et ses rivières, les paysages de la savane ont fait partie des découvertes du voyage. En même temps, mille questions ont jailli de ces caractères du territoire. Elles ont alimenté mes rencontres avec les Congolais et la plupart restent des questions ouvertes…

Des fragments de routes

Souvent, j’ai poussé mon vélo sur des pistes impraticables pour des véhicules. J’ai été stupéfait de la difficulté à circuler à l’intérieur du pays. Les cyclo-transporteurs sont parfois les seuls véhicules de liaison entre les villages. Les gens expriment fréquemment leur souffrance à vivre sans piste roulable.

Le problème des routes ne concerne pas seulement le développement d’une économie d’exportation des minerais vers les ports des océans. Des bailleurs de fonds internationaux prévoient de construire ces grands axes routiers.

Il existe une économie locale qui manifeste un certain dynamisme. Des produits agricoles, des chenilles, de l’huile de palme, des poissons séchés circulent sur ces pistes vers d’autres villages ou vers les centres urbains. Réhabiliter les pistes est un des paramètres qui permettraient de donner du souffle à cette économie locale.

L’absence de routes pose un autre problème, majeur dans un pays où le vivre-ensemble est mis en question par des violences, des guerres et, de plus en plus, des inégalités sociales.

L’insuffisance du réseau routier est un obstacle aux relations entre les Congolais dans la construction de leur société. Des villages, mais aussi des villes se trouvent isolés du reste du pays. Les grandes villes sont reliées entre elles par des avions, un moyen de transport évidemment inaccessible à la plupart des Congolais.

Construire un réseau routier, c’est aussi donner la possibilité à tous d’accéder aux centres de décisions des institutions collectives.

La puissance du fleuve Congo

RDCbassin : La puissance du fleuve Congo

J’ai traversé deux fois le fleuve Congo et de multiples fois ses innombrables affluents. J’ai roulé sur les ponts quand ils existaient. J’ai aussi mis le vélo sur les pirogues, là où les véhicules à moteur ne passent plus. J’ai rempli mes gourdes dans les petites rivières.

La superposition des cartes du bassin du fleuve Congo et du territoire du pays montre à quel point le Congo est façonné par son fleuve et ses affluents.

Cette eau à profusion est une formidable richesse. Elle permet de cultiver et de pêcher.

Le fleuve et ses affluents sont souvent navigables ou pourraient l’être à moindres frais.

Les possibilités hydroélectriques sont énormes. Cependant, le fameux barrage d’Inga, situé à la fin du parcours du fleuve, ne produit qu’une faible fraction de son potentiel, le pays souffre de ne pas avoir de courant et les lignes hautes tensions qui rayent certains paysages sont « décoratives ».

L'immensité de la savane

J’ai voyagé d’Est en Ouest au nord de la zone de savane, un plan immense de touffes d’herbes hautes qui s’étale sans cesse jusqu’à l’horizon. Les arbres sont dispersés. Les rivières sont bordées de forêts-galeries. Le tout est bien arrosé, grosso modo 9 mois par an.

Sur cette immensité, de temps en temps, des hommes et des femmes ont découpé un lopin de terre sur lequel ils cultivent du manioc ou du maïs.

Aux alentours des villages, on trouve des arbres fruitiers : des bananiers, des papayers, des manguiers, des avocatiers, des ananas …

Ce potentiel agricole extraordinaire contraste avec les besoins insatisfaits d’une population qui souvent souffre de malnutrition.