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Cartographies

L'agriculture au Congo

 |  Olivier Croufer  |  République démocratique du Congo

La plupart des Congolais sont cultivateurs et la population se débrouille vaille que vaille pour assurer ses besoins les plus élémentaires en alimentation.

Les défis sont énormes et l’agriculture est un des espaces de coopération les plus porteurs à réaliser avec les populations locales. Je donne quelques éléments pour vous donner envie de vous lancer dans des projets …

Une alimentation insuffisante

Pendant deux mois, j’ai mangé comme les Congolais : du manioc, sous forme de foufou, souvent mélangé avec de la farine de maïs, des feuillages, des bananes (plantain). D’un point de vue européen, le moins que l’on puisse dire est que la production vivrière est limitée.

J’ai rencontré, par-ci par-là, des chèvres et des poules, très rarement des vaches. Dans le Bandundu, on m’a raconté qu’il existait des fermes de mille vaches mais je ne les ai jamais vues.

Comme bien d’autres pays africains, la République démocratique du Congo souffre de malnutrition. 72 % de la population est sous-alimentée selon le rapport de la FAO de 2006, trois fois plus que 10 ans auparavant. Il y aurait ces dernières années une amélioration. La production vivrière a augmenté, surtout en réseau autour des grandes villes.

Des terres propices à l'agriculture

En superposant la carte des biomes de l’Afrique avec celle de la malnutrition, on se rend compte, une fois de plus, que les explications des maux africains ne sont pas homogènes. Si, dans certaines régions, la sécheresse est un paramètre majeur, ce n’est pas le cas du Congo.

Le territoire du Congo est partagé en trois biomes (des zones de communauté végétale et animale écologiquement similaire). Deux d’entre elles, les montagnes de l’Est et la savane, sont propices à l’agriculture et à l’élevage.

Sur les crêtes de la vallée du Rift poussent des forêts de montagne et des prairies d’altitudes, des alpages dirions-nous chez nous.

Les savanes humides forment de vastes étendues bien arrosées qui ne demandent qu’à être cultivées ou qui peuvent servir de pâturages.

Coopérations...

Au Congo, un développement de l’agriculture permettrait une meilleure alimentation.

L’agriculture est aussi une question de ressources. 80 % de la population congolaise vit de l’agriculture. Celle-ci est considérée comme un moteur potentiel de l’économie qui a l’avantage de partir de l’activité actuelle des hommes, des femmes et de leurs savoir-faire.

Cependant, seul 1,7 % du budget national va à l’agriculture (les Etats africains recommandent d’atteindre les 10 % dans leurs budgets). Ce montant sert tout juste à payer les fonctionnaires du Ministère. On peut rappeler ici que les remboursements de la dette contractée pendant le régime de Mobutu dépassent les budgets de l’Education, de la Santé et de l’Agriculture réunis. La connaissance des défis à relever en matière d’agriculture éclaire de tout son sens la lutte à mener pour l’annulation de cette dette.

Un renforcement de la coopération internationale dans ce domaine est un des axes de développement qui pourrait être plein de promesses.

L’expertise des processus de développement de l’agriculture dans les pays du Sud est bien documentée. Ce qui est susceptible de fonctionner est l’instauration d’un processus global ancré auprès d’une diversité d’acteurs locaux.

Alors, allons-y : il faut travailler sur l’introduction de semences améliorées, de fertilisants, l’outillage, la formation et l’encadrement, la gestion des marchés, l’amélioration des dessertes routières, l’organisation de la paysannerie, les techniques de transformation et de conservation des produits, l’accès à l’énergie, les (micro)-crédits… Et passer beaucoup de temps à rencontrer la population.