Deux vents
Le sifflement du pneu sur l’asphalte est le fil qui me tient rattaché à la route alors que je suis emporté par les vents.
L’harmattan a le souffle chaud du Sahara, il vient du Nord Ouest et me pousse dans le dos. Je l’aime bien. Mais la majeure partie de la journée, les muscles sont tendus par un rythme lent dicté par un vent qui m’arrive de face, remontant du Sud Est. Malgré les efforts contraires qu’il m’oblige à faire, j’ai appris à aimer ce vent. Je sais toute l’importance qu’il a pour ceux qui vivent ici.
Sa force est de repousser vers le Nord l’harmattan et d’installer son air humide et les pluies qui vont se déverser quelques mois sur ces terres. De sa puissance, dépendent, entre autres, la qualité des récoltes et la poussée des pâturages.
Au milieu de…
Mon écriture n’est pas de celle qui épouse directement les événements et leur intensité. Je suis incapable d’une telle beauté. Je récolte après coup, comme si je ne pouvais pas tout faire en même temps ou que j’étais trop vite débordé.
Je ne me rends compte que ce soir, au moment de préparer à manger, à quel point toutes ces invitations au Tchad ont été splendides et que tous mes repas m’y ont été offerts.
Avec la distance d’un peu de temps, au silence du vent qui faiblit et seul dans l’étendue sableuse du Sahel, je découvre ce qui se déroule en moi. Ce soir, je ne dresse pas la tente car j’ai pris l’habitude de dormir à l’air libre. Je n’ai plus peur ni des hommes, ni des bêtes. Je suis là, parmi eux.
Puissances de l’Afrique
L’Afrique a ses puissances. Le souci d’accueillir et la gentillesse envers le voyageur transforment celui qui s’y frotte.
Il se construit ainsi un extraordinaire ensemble fait de la collection de chacune de ces rencontres où l’on essaie de se découvrir et de s’entendre. Il se forme un monde infini de canaux et de passages qui débordent chacun, qui donne confiance et qui produit de la joie d’être avec les autres, un désir d’entreprendre et de partager.
Ce soir, le vent du sud n’a pas cessé, j’ai dû dresser la tente pour me protéger des particules volantes. Je pensais qu’il allait pleuvoir, mais rien n’est venu.