Monter
Je fais une pause en sommet du col, à Bugarama, à plus de 2100 mètres d’altitude. Encore une journée où j’ai pris plaisir à me dépenser. Les jambes sont fatiguées, mais il ne me reste plus que 30 kilomètres avant d’arriver à Bujumbura.
Le jeune homme qui bavarde avec moi pendant que je bois une limonade m’annonce que je n’aurai plus à pédaler.
Plonger
L’annonce était exacte, les collines s’effondrent à pic et disparaissent dans une plaine au milieu de laquelle baigne le Lac Tanganyka qui n’est plus qu’à 773 mètres d’altitude.
Je découvre une forme nouvelle des grands fossés d’effondrement sur lesquels je circule depuis l’Ethiopie. Chaque surgissement de paysage a pour moi ses émotions particulières. Ici, la descente me précipite dans un immense espace ouvert, j’ai le sentiment d’être aspiré, sans être tout à fait perdu car la vaste plaine est reposante et le Lac Tanganyika, qui se dessine lentement, soutient l’attention et donne des formes qui rassurent.
De l’autre côté du lac, je devine de mieux en mieux l’autre versant du fossé d’effondrement. D’autres montagnes sortent des nuages. C’est le Congo.
Reposé
Je ne trouve pas de logement bon marché à Bujumbura. Je demande par-ci par-là où je pourrais loger.
Aux abords de la cathédrale, les Sœurs m’accueillent. Elles m’installent en douceur dans une belle chambre ouverte sur une grande terrasse.
Je me laisse aller tranquillement dans un fauteuil. Mon regard se pose sur les montagnes du Kivu. Je sais que j’entame là-bas une nouvelle phase de mon voyage. Une fois encore, je me sens troublé par l’immensité des forces de la Terre. Je me sens grain. J’ai un peu peur, mais j’ai envie d’y aller.