Enclavée
Les villes m'inspirent parfois un sentiment désolant que je n'éprouve jamais dans les villages. Un député m'explique la ville "enclavée". Plus aucun véhicule n'arrive à Ikéla depuis 12 ans. Il a réussi le tour de force d'y amener un tracteur. Mille attentes lui seront accolées. Notamment celle d'aplanir les routes. "Le maïs pourrit dans les villages alors que nous en avons besoin à la ville, me dit-il. Les gens en font de l'alcool. C'est malheureux".
Anderlecht
Le soir, on branche le groupe électrogène et la coupole satellite.
La télé informe des batailles dans les Kivus. Une publicité gouvernementale détaille tous les avantages de la "bancarisation". Une autre fait l'éloge de la modernisation de Kinshasa. On y voit le fameux échangeur routier de Limete, un symbole des cinq chantiers promus par le Président et où se croisent des flux de voitures déjà à saturation.
En page sportive, Claude Leroy, l'entraîneur de l'équipe nationale, dévoile quelques brins de sa stratégie pour le match contre la Guinée en sélection de la C.A.N. À l'arrière-plan, la piscine d'un grand hôtel autour de laquelle se détendent les joueurs. J'y reconnais Mbokani, l'attaquant congolais d'Anderlecht.
Pauvretés
Une tension surréaliste entre deux mondes s'est immiscée subtilement dans la ville. Suis-je le seul à savoir toute la part d'illusion qu'enveloppent ces images de modernité et les nouvelles pauvretés qu'elle introduit, sans doute plus dures et plus solitaires que celles qui se ressentent au Congo ?