Je ressens à Brazzaville, de l’autre côté du fleuve Congo, que je suis arrivé à une limite. Je suis à la merci de chaque rencontre, je me mets à pleurer pour un rien, mon corps et mon âme n’ont plus assez de consistance pour se donner des directions un peu fermes et assurées.
Tout cela peut devenir heureux pour autant que je me trouve une forme de guide interne qui me permette de prendre de nouveaux chemins.
Chercher des appuis
Je m’appuie sur la montée en puissance que me donne le rythme cycliste. Avec le train, le bus, le pick-up et le camion, j’ai sauté par-dessus les pistes embourbées qui auraient aggravé inutilement mon état. Les bonnes routes du Gabon ont ensuite apporté une cadence salutaire. Des montées et des descentes de longueurs plutôt brèves m’ont entraîné dans un rythme joyeux. Cette cadence dynamique me convient bien, elle est celle du Plateau de Herve sur lequel je m’entraînais en Belgique.
Profiter du couloir
Au grand rond-point de Bifoun, un village dans la forêt tropicale, je laisse derrière moi la route de Libreville où je n’ai pas trouvé de bateau pour le Bénin. Je ne prends pas la première à droite d’où je suis venu une semaine auparavant du Congo. Je m’arrête pour boire une limonade, puis je m’engage dans la deuxième route à droite, celle du Nord, vers le Gabon.
Je suis dans un couloir. La bande asphaltée passe au travers de la forêt tropicale. L’horizon est souvent clos. Ce n’est pas le paysage qui m’appelle le plus, mais actuellement, il forme un contenant qui permet le repli sur mes sensations internes.