Eprouver une intensité enveloppe toujours un sentiment de découverte, presque de joyeuse surprise.
Le temps semble alors flotter dans une chaude atmosphère. Les forces rayonnent. Est-ce une bulle ? On a pourtant l’impression bien réelle que la découverte d’une puissance nous entraîne dans un devenir. Une intensité est peut-être toujours la découverte d’un passage imprévu, une révélation qui concerne les puissances d’un corps.
Quelques jours après le départ, sur un vélo gonflé de kilos, le franchissement des cols alpins fut, à chaque ascension, une épreuve physique. L’événement n’était pas uniquement dans la quantité d’énergie qu’il a fallu employer. Il naissait de la découverte d’une force inouïe que l’on éprouve en soi.
Plus tard encore, en Ethiopie ou sur les collines du Rwanda, il n’est pas un col où le déploiement d’une telle puissance ne s’est accompagnée de joie. Parfois je la laissais s’échapper en euphorie. J’ai souvent préféré la laisser monter et flotter en moi jusqu’au sommet des paysages.
La joie enveloppée dans ces passages – passo disent les Italiens pour les cols - a chaque fois sa durée. Elle a un temps qui s’évanouit non dans tristesse, mais dans la fatigue, ce qui permet d’en conserver un souvenir tout à fait lumineux. Une joie pure qui reste sur le tracé des lignes de vie.